Frank Mayer

Frank H. Mayer est né à la Nouvelle-Orléans en 1850. Il nous dit avoir été clairon durant la guerre de Sécession (1861-1865), et, en 1872, il devient chasseur, ou plutôt, selon la formule consacrée, « coureur » (runner) de bisons. À la disparition du bison, vers 1876 ou peu après, il se rend à Leadville, une cité minière du Colorado, où il vend le gibier qu’il chasse aux mineurs. Il semble qu’il n’ait plus quitté le Colorado depuis lors. Dans les années 1920, il aurait été rancher, dans le comté de Montezuma ; puis il s’installe, à près de quatre-vingts ans, sur la mine d’or de Snowstorm, non loin de Fairplay. Et c’est là, finalement, dans cette ville fantôme à 3 000 mètres d’altitude qui compte aujourd’hui à peine plus de 600 âmes, qu’il termine ses jours dans une petite cabane de bois, en 1954, âgé de 104 ans.
Dans les années 1940 et 1950, l’époque était à la glorification des old-timers, des Anciens qui avaient vécu l’âge héroïque de la Conquête de l’Ouest – et qui commençaient à se faire rares. C’était aussi le temps des écrivains de l’Ouest, qui fondèrent le western comme genre littéraire à part entière. Le cinéma, la télévision produisaient eux aussi des westerns à tour de bras, et l’Amérique était en train de conquérir le monde avec sa mythologie des grands espaces. Frank Mayer incarnait cette mythologie. C’est ainsi qu’il livra quelques articles d’expertise sur les armes ou des chansons de l’ancien temps pour les folkloristes. Dans les années quarante, on venait trouver le vieil homme dans sa retraite pour l’interviewer afin d’alimenter avec des « histoires vraies » les magazines de quatre sous. Finalement, The Buffalo Harvest (La Moisson du Buffalo) parut à titre posthume en 1958, cosigné avec un certain Charles B. Roth, journaliste affairiste du Midwest.